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Commune

• Saint-Jean-des-Echelles

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Divers : Saint-Jean-des-Echelles

L'année 1781 à Saint-Jean-des-Echelles

En cette année mil sept cent quatre vingt un, la récolte des menus grains fut des plus abondantes, celle des gros grains fut aussi très bonne, mais surtout la récolte des vignes elle fut si abondante que dans les vignobles de Villiers, Beaugency, Troo et austres on récolta plus de deux pipes au quartier. Le vin de Villiers, Vendôme, ne se vendoit que depuis quinze jusqu'a vingt livres. Le vingt de Troo, Château-du-Loir, Anjou depuis vingt quatre jusqu'a trente trois. Le prix des voitures étoit de Beaugency, de L'Orléannois, Blois, à la Ferté de vingt livres par poinçon, de Troo, Villiers, Vendome, treize livres.

Les arbres donnèrent aussi si abondamment des fruits que la b.. de pomme ne coutoit que vingt a vingt cinq sols.

Le bled froment se vendoit quatre livres cinq a six sols. Le meteil trois livres dix à douze, l'orge quarante, l'avoine vingt quatre a vingt cinq.

Dans cette année les Espagnols faisoient le siege de Gibraltar, et du fort Saint-Philippe en l'isle de Mahon. Les Anglois seuls soutenoient la guerre contre la France, l'Espagne et la Hollande, eurent plusieurs des avantages, surtout en Amérique.

Source : registres paroissiaux de Saint-Jean-des-Echelles, fin 1781 (BMS 1772-1782 - Cote 1MI 875 R2 photo 89 et 90.

L'année 1782 à Saint-Jean-des-Echelles

La récolte des grains cette année fut passable pour la qualité, mais les pluyes qui continuèrent depuis la fin de juillet jusqu'au mois d'octobre firent que les gros grains furent trop moulliés sur pied, et une grande partie des javelles furent germés, firent du pain de bien médiocre quallité. Au mois de fevrier de l'année 1783, le froment valloit depuis quatre livres jusqu'à quatre livres cinq et le vieux froment étoit vendu jusqu'a cinq livres dix sols et davantage.

La récolte d'orge et d'avoine fut très médiocre tant pour la quantité que pour la quallité, il se vendoit depuis cinquante cinq sols jusqu'a trois livres deux et trois sols, l'avoine trente six et quarante sols, les moutures trois livres cinq, six et sept.

Le chanvre fut de qualité passable, le prix commun étoit de quatre livres quelques sols le poids de treize livres.

Le récolte des vins dont les vignes donnoient les plus belles espérances au mois de mai et juin, deperirent considérablement par la continuité de la pluye, on ne vendengea que sur la fin d'octobre les rouges et les blancs après la toussaint, dans les grappes il y avait des grains pourris, d'autres non murs, et d'autres geslés. De la le vin fut de tres mauvaise qualité, extraordinairement .., ayant un peu le goust de pourry et si plats qu'il n'y a guerre d'espérance qu'ils acquerent de la force. Le prix malgré cela pour Troo etoit de trente livres, jusqu'a trente trois, les rouges de Beaugency, Blois, Orléans, se vendoient prix coutant depuis trente jusqu'à quarante livres le meilleur. Les vins vieux augmentèrent beaucoup, à Troo il valloit jusqu'à vingt écus, les bons rouges etoient encore plus chers parce que la majeure partie de l'année dernière avoient tournés.

En cette année les Espagnols qui depuis trois ans bloquoient Gibraltar en firent le siège dans les règles aidés des François. Mr le Comte d'Artois frère de roy, et Mr le Duc de Bourbon se rendirent au camp de Saint-Roc et peu de jours après leur arrivée on livra l'assaut général qui n'eut pas le succés qu'on esperoit. Le gouverneur du fort tira à boulets rouges jusqu'à la quantité de plus de quatre mille boulets sur les battries flottantes qui furent aussitot embrasces sans qu'on put esteindre le feu, on ne se defioit point de cette manoeuvre de l'ennemy, les battries étoient à l'épreuve des boulets ordinaires, et si l'ennemy n'eut point trouvé le secret de les brusler, le fort eust été pris d'assaut, tant ces battries reussissoient bien à faire des breches aux ouvrages de l'ennemy.

Source : registres paroissiaux de Saint-Jean-des-Echelles, fin 1782 (BMS 1772-1782 - Cote 1MI 875 R2 photo 99 et 100)

L'année 1783 à Saint-Jean-des-Echelles

La récolte dans cette année mil sept cent quatre vingt trois fut inférieure de quelque chose à la précedente, tant en gros grains qu'en menus, mais la qualité fut infiniment supérieure, le prix du froment au mois de décembre étoit depuis quatre livres j'usqu'à quatre livres cinq, la moutarde trois livres cinq, l'orge depuis cinquante sols j'usqu'a trois livres, l'avoine depuis trente six j'usqu'à quarante sols.

Les vins se vendoient depuis quarante huit j'usqu'à cinquante cinq à Troo, depuis trentre j'usqu'a quarante à Villiers, et depuis quarante j'usqu'a cinquante à Beaugency, le vendange ayant été faitte bien mure et des le mois d'octobre, on espere que le vin sera de bonne qualité, pour la quantité cette année ne fut qu'année commune.

Pendant une bonne partie de l'été depuis le.............le temps fut chargé depuis le matin j'usqu'au soir d'épais brouillards, au travers desquels le soleil à peine pouvait il percer, et soit le soir soit le matin on fixoit sa lumière sans en être éblouis. Cette même année, les gazettes et journaux annoncerent de fréquents tremblements de terre soit au midy, soit au couchant ; quelques provinces méridionalles de la France comme le Quercy, le Dauphiné, l'Auvergne s'aperçurent de ses tremblements, et essuyerent de domages de debordement des eaux qui y furent considérables.

Mais ce fut l'Itallie surtout qui fut le theatre tragique de ses tremblements, presque la Calabre entière, et plusieurs endroits de la Sicille furent engloutis ou submergés, et on comptoit plus de cent mille personnes qui y avoient péri, pour surcroit de malheur succederent à ce terrible fléau des maladies épidémiques occasionnées par la stagnation des eaux qui avoient rempli les abymes que le tremblement avoit ouvert, et une grande partie qu'avoit epargné le 1er fleau fut la victime du 2d.

Cette meme annee fut signee la paix entre les puissances belligerentes, La France, l'Espagne, la Hollande, les provinces unies de l'Amérique, et l'Angleterre. L'empereur roy de Bohême et d'Hongrie avec l'impératrice de Russie en furent les médiateurs. Par cette paix l'Amérique angloise fut reconnue république et indépendante. Si elle seule paroist avoir tiré avantage de cette guerre sanglante et ruineuse, ce fut toujours un honneur pour la France d'avoir trouvé l'occasion d'humilier et d'affaiblir sa fierre rivalle (l'Angleterre); L'Espagne, la Hollande tireront aussi avantage de l'affaiblissement de la puissance anglicane qui s'arrogeoit l'empire des mers.

Cette meme annee fut aussi inventee une machine pour voyager dans les airs; Messieurs de Montgolfier, français de nation, en sont les inventeurs : on a fait trois ou quatre fois l'essay de cette machine aérienne ou areostatique en presence meme de la cour et d'habilles physiciens; elle s'est élevée assure t'on à une très haulte distance, une fois surtout j'usqu'à plus de quinze cent toises de hault, de sorte que la terre ne paroissoit aux voyageurs aériens que comme un point bien petit.

L'orsqu'on aura trouvé le secret de dirriger horisontalement à sa volonté cette celebre machine, on espere que vu la rapidité avec laquelle elle s'eleve dans les airs, elle parcourera le monde aerien avec la meme velocité, j'usqu'à aller de Lyon à Marseille en moins de huit heures.

J'usqu'à présent on n'a encore trouvé que le secret de l'elever perpendiculairement par le moyen de l'air inflammable, et de la faire descendre à volonté par l'air exterieur qu'on y fait entrer : attendons de la penetration de nos philosophes l'autre secret de conduire cette machine, ou et si loin que bon semblera : bien des phisiciens regardent cela comme impossible, ils font une tres grande distinction entre l'air et l'eau, celle cy quoique fluide, a une fluidité capable de soutenir les corps les plus matériels et les plus pesants si elle s'incorpore dans leurs pores, comme le bois, le liege, etc.

L'air au contraire incorpore de quelle maniere on voudra dans les corps solides qu'on elevera en l'air, desque les memes corps n'auront plus d'appuy, ou manqueront d'être soutenu par la force motrice qui les a elevé, par exemple l'air inflammable dans la machine areostatique, il est de l'essence de ces corps de retourner sur la terre qui est leur centre, or quesqui soutiendra cette machine si par exemple deux courants de vents opposés viennent de flanc ou de queue prendre cette machine ronde, quesqui luy fera garder l'equilibre ? il faudra qu'elle obeisse au vent le plus fort et necessairement qu'elle culbute, quand même elle ne serait pas ronde. L'air dans lequel elle surnage n'a point assez de fluidité pour la soutenir dans ses flancs, un vaisseau nageant dans l'eau a raison de la profondeur ou il y est plongé, n'a que plus de force pour ne pas verser, et il n'en est pas de meme de la fluidité dans l'air. D'ailleurs quand on supposerait que par certains voilles on pourrait soutenir la machine en equilibre et par d'autres la faire avancer à l'opposé des vents arbitrairement comme on fait sur mer un vaisseau, on ne pourroit disconvenir que cette espece de navigation ne fust infiniment plus perilleuse que celle de la mer, tant de méthodes peuvent luy etre contraire, un seul eclair peut l'enflamer et la brusler etc., et de la son cout ses dangers paroissent au dessus de l'utile que l'on en espereroit; je souhaite toujours que touts les faiseurs d'essays n'essuyent pas le sort d'Icare.

Dans cette meme annee un anglois jaloux qu'un autre ait trouvé la machine aerostatique, en a inventé une autre pour marcher sous les eaux, et il avoit deja reussi j'usqu'a se tenir au fond de l'eau pendant plusieurs heures entieres, et il a été malheureusement la victime de ses experiences et s'est noyé.

Un autre fanatique de Lyon avoit annoncé qu'avec des sabots elastiques, il traverseroit la Seine dans l'endroit le plus large qu'elle peut avoir à Paris, pour recompense de sa decouverte il demandoit deux cent louis qu'on luy mettroit en main à l'autre bord de celuy dont il etoit party, les parisiens furent assez dupes de souscrire à cette somme dont l'utilité s'est heureusement tournée à être employée pour le soulagement des pauvres chalque souscripteur ayant honte de retirer son argent et de passer pour sot credulle. Le sort du thaumaturge qui vouloit s'embarquer sur la Seine comme les israelites sur la mer rouge ou plutot comme St Pierre sur les eaux a disparu comme un charlatan qui craint la fureur d'un peuple dont il a séduit la credulité.

Source : registres paroissiaux de Saint-Jean-des-Echelles, fin 1783 (BMS 1783-1792 - pages 8 à 12)