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Saint-Ouen-sur-Iton

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Au creux de la haute vallée de l'Iton, encore très modeste rivière, se trouve un curieux village dont la place centrale commémore le bâtisseur : Désiré GUILLEMARE.

Avant 1836, la commune de Saint-Ouen-sur-Iton était très insignifiante, avec quelque 120 habitants, répartis dans des hameaux, dont certains, tels la Grandière, ne sont plus qu'une seule propriété (cf tables décennales sur le site du CRGPG).

A l'emplacement du bourg actuel, on ne trouvait guère que l'église, le presbytère, la mairie, le château (aujourd'hui disparu) et sa ferme.
En 1836, la commune voisine de Saint-Aubin-sur-Iton est rattachée à Saint-Ouen. Elle possédait aussi son église, en piteux état, dont il ne reste rien, un simple crucifix, récemment déplacé, en rappelle seul l'existence.

Plus importante, la commune du Buat, jouxtant la ville de L'Aigle, est scindée en deux en 1845. Une partie est rattachée à la ville, l'autre à Saint Ouen.
L'église du Buat était, elle aussi, en très mauvais état et c'est l'évêché qui, dès 1807, avait réuni les trois communes autour de l'église de Saint Ouen, bien entretenue et disposant d'un presbytère confortable, bâti quelques années avant la Révolution.

C'est après la réunion administrative des trois communes, qu'apparaît un personnage hors du commun : François Désiré GUILLEMARE, laboureur devenu propriétaire terrien. Il est nommé conseiller municipal, adjoint au maire le 28 avril 1848 et maire le 16 septembre 1852. Il occupera ce poste jusqu'à sa mort, avec une ascendance telle sur ses contemporains qu'aux élections de 1888, il obtint 90 voix sur 91 votants, la seule manquante étant la sienne ! Chaque année, tout habitant de la commune venait lui présenter ses voeux. Les garçons de l'école recevaient une casquette, au 14 juillet, pour pouvoir saluer leur maire...

Jusqu'à l'occupation allemande de 1940, chaque maison du bourg possédait un buste en bronze du maire, dans une niche extérieure. Certaines maisons des écarts également.

Dès son élection, l'ambition du maire fut de faire de Saint-Ouen-sur-Iton une vraie ville. L'occasion lui en fut donnée en 1869 lorsqu'il put acquérir, sur ses propres deniers, les terres de la ferme, près de l'église, qui constituent le bourg actuel de Saint-Ouen.

Les premières maisons de ce nouveau bourg apparurent en 1871 avec pour particularité de posséder une cheminée torsadée « en tire-bouchon », dit-on ici. L'obligation en sera faite à chaque propriétaire jusqu'aux années 1970.

Chaque corps de métier devait être représenté à Saint-Ouen et un appel fut lancé, par voie de presse, pour faire venir épicier, cafetier, forgeron, charron, mercier, cordonnier, menuisier, charpentier-couvreur, sabotier, marchand de laine, fondeur de cuivre, agent d'assurances, maçons, dont M. HOUBERT, spécialiste de la cheminée torsadée.

Un médecin fut en vain recherché, mais les autres corps de métier s'installèrent, dans les bâtiments construits par Désiré GUILLEMARE, une fois encore sur ses propres deniers.

Une mairie-école imposante complète l'ensemble en 1872, accolée à un musée.
Désiré GUILLEMARE fait construire son propre « château » avec un parc qui deviendra la place centrale du village, dès lors baptisé aux alentours « Guillemare-ville ». Ce château, légué par son propriétaire à la commune, est aujourd'hui la mairie et renferme une statue en pied de son constructeur.

En 1881, le chemin de fer (ligne L'Aigle-Mortagne) dessert Saint-Ouen, après une lutte acharnée avec la voisine Saint-Michel-de-la Forêt, qui possède une gare. Saint Ouen n'aura toujours qu'une « halte ».

Pour faire de Saint Ouen une ville, les rues reçoivent des noms et les maisons des numéros. Une compagnie de sapeurs pompiers, un bureau du télégraphe, un marché couvert, un cimetière, une horloge donnant l'heure à trois kilomètres à la ronde, un phare Sollerot pour l'éclairage de la place centrale, complétaient le changement de statut, de la bourgade à la ville. Des tours marquaient l'entrée de la nouvelle cité.

Après 1789, les habitants de Saint-Aubin-sur-Iton s'étaient fait connaître pour leur participation à la Garde nationale et aux fêtes révolutionnaires : fête de la jeunesse, fête des époux, fête de la souveraineté du peuple, fête des anciens, fête de la fondation de la République...
Désiré GUILLEMARE s'en inspira probablement pour animer sa nouvelle ville, notamment pour la fête annuelle dont le point culminant était le couronnement de la Rosière, doté d'une « institution à perpétuité ».

Autour de la place centrale rebaptisée place de la Concorde, s'élève encore les restes du phare Sollerot, dont la base accueille des scènes de la fête du couronnement de la rosière avec, comme il se doit, la représentation du maire qui la couronne.

Mais le monument le plus étonnant est la statue en pied de Désiré GUILLEMARE trônant sur un socle où sont rappelés, sur des plaques de fonte, les mérites et réalisations de ce maire d'exception. Le monument, jusqu'alors coffré, fut dévoilé le jour de son inhumation. Un mausolée a accueilli sa dépouille au cimetière.

Son rêve de faire de Guillemare-ville une vraie ville, ne se réalisera cependant pas.

D'après l'histoire de Saint-Ouen établie par Bernard GUILBAUD, ancien instituteur et secrétaire de mairie suite à une action collective de formation des adultes ruraux, et l'école primaire, à la fin des années 1970, reprenant pour partie les écrits (1892) du premier historien local, Désiré HAMELIN.


Saisie : Jean Pierre HEDERER

Dernière modification : 19 Mars 2018

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