Histoire des communes

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L'Aigle

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Histoire

Moyen-Age

"Laigle se signale à la mémoire des Normands pour deux faits d'importance redoutable. C'est ici que Robert Courteheuse, le fils aîné du Conquérant, entrera en lutte directe avec son père, durant les dernières années du Duc-Roi et mettra le comble à son découragement intime, à ce désespoir dont sont marquées ses années suprêmes; ici que Charles le Mauvais fit assassiner, en 1395, le connétable Juan de la Cerda, favori de Philippe VI, et rouvrit les portes de la guerre." LA VARENDE, Par Monts et Merveilles de Normandie, Librairie académique Perrin 1968.

Pour approfondir l'histoire de L'Aigle, on pourra se reporter à :
- J.F. Gabriel VAUGEOIS, Histoire des Antiquités de la ville de l'Aigle et de ses environs. (L'Aigle 1841)
- Renée DRONNE, L'Aigle: son histoire, ses monuments, ses industries. (Édit. Durand, 1953)

L'Aigle (en 1762), dans le Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France par M. l'abbé Expilly, Chanoine-Trésorier en Dignité du Chapitre royal de Sainte-Marthe de Tarascon, de la Société royale des Sciences et Belles-Lettres de Nancy etc.(Paris 1762):

"AIGLE (l'), Aquila ou Castrum Aquilense (1), ville ancienne, autrefois Baronie (2) et aujourd'hui Marquisat, Vicomté, haute Justice et Grenier à sel; Diocèse d'Evreux, Parlement de Rouen, Intendance d'Alençon, Election de Verneuil, Sergenterie de l'Aigle.
On y compte 183 feux pour la seule Paroisse de St. Jean. Il y a deux autres Paroisses, qui sont celle de St. Martin du Bourg et celle de St. Barthélémy. On y compte 482 feux pour la première, et 137 pour l'autre ; ce qui fait en tout 802 feux pour les trois Paroisses.
Cette ville est ceinte de murailles et défendue par d'assez bons fossés. Il y a 6 portes, une Maison de Religieux Pénitens dits Picpus, une de Bénédictines, un Hôpital et un beau Château seigneurial.
Tous les mardis, il se tient à l'Aigle un marché qui est fort fréquenté. Il y a aussi quatre foires par an (3). Le principal commerce des habitants de cette Ville consiste en grains, en clainquaillerie, et sur-tout en épingles. Le Grenier à sel est du Département d'Alençon ; il s'y distribue année commune environ 26 muids de sel.

La Baronie de l'Aigle est la première du Duché d'Alençon. Ses anciens Seigneurs, qui sont connus dès le temps du Duc Raoul I., avoient séance à l'Echiquier d'Alençon avant tous les autres Seigneurs. Angenou I., Seigneur de l'Aigle (tué l'an 1066 à la bataille gagnée par Guillaume le Conquérant contre le Duc Harald) fonda le Prieuré de St. Sulpice de l'Aigle (4). Cette fondation fur confirmée par la charte de Richer II. Seigneur de l'Aigle, le 17 Septembre 1105. Giselbert II. Seigneur de l'Aigle, donna de grands biens, entre autres la Baronie de Contrebis (5) , à l'Abbaye de la Trappe, fondée l'an 1140 par son beaufrère Rotrou, Comte du Perche et de Mortagne. Marguerite de l'Aigle (fille de Giselbert II.) née de Julienne de Mortagne, fut la première femme de Garcias IV. Roi de Navarre. Odeline, Comtesse de l'Aigle, femme de Richer III, Seigneur de l'Aigle, fonda l'an 1100 le Monastère de la Chaise-Dieu (6), Ordre de Fontevrault. C'est dans le choeur de ce Monastère que l'on voit le tombeau d'Odeline, dont nous venons de parler.
Sur la fin du douzième siècle, la Baronie de l'Aigle passa dans la Maison de Harcourt. Le Maréchal Jean, Sire de Harcourt, mort en 1302, fut père de Jeanne d'Harcourt, Dame de l'Aigle, laquelle épousa Henri IV . Seigneur d'Avaugour. Leur fille aînée, Jeanne d'Avaugour, porta la Baronie de l'aigle à Guy de Bretagne, Comte de Penthièvre. Jeanne de Bretagne, leur fille, épousa en 1137 Charles de Blois-Châtillon, Duc de Bretagne du chef de sa femme. Ce Prince donna l'an 1351 la Baronie de L'Aigle à Marguerite, sa fille, en la mariant à Charles d'Espagne, Comte d'Angoulême, Connétable de France, le même que Charles le Mauvais, Roi de Navarre, fit assassiner dans la ville de l'Aigle, le 6 Janvier 1534. Marguerite de Bretagne-Blois n'ayant pas eu d'enfants de Charles d'Espagne, la Baronie de l'Aigle retourna à Jean de Blois, Comte de Penthièvre, frère de Marguerite.
Charles de Blois, fils de Jean, laissa pour fille et unique héritière Nicole de Blois, dite de Bretagne, Comtesse de Penthiève, Vicomtesse de Limoges, Dame de l'Aigle. Elle fut mariée en 1437 à Jean de Brosse II., vicomte de Bridiers, auquel le Roi fit don de la haute-Justice de l'Aigle par Lettres-Patentes de Février 1474. René de Brosse, dit de Bretagne, petit-fils de Jean, ayant quitté le service du Roi pour suivre en Italie le Connétable de Bourbon, la Baronie de l'Aigle fut confisquée. Le Roi François I. donna cette Baronie à Aymée Mottier de la Fayette, femme de François de Silly, Baron de Lonrai. En 1555, la Baronie de l'Aigle fut vendue à François d'Aubray, Baron de Bruyères-le-Châtel, Gentilhomme de François de France, Duc d'Alençon.
De François d'Aubray et de Catherine de Pretesecelles, sa femme, vint, entre autres enfants, Nicolas d'Aubray, Baron de l'Aigle, marié à Jeanne de Godefroi, qui lui donna trois filles: l'aînée, Marie d'Aubray, porta en 1487 la Baronie de l'Aigle à Sébastien des Acres, Seigneur de la Chapelle-Vieil [sic] et de la Mancelière, fils de Florentin des Acres, écuyer, Seigneur de la Mancelière, et petit-fils de Jean des Acres, écuyer, vivant en 1491.
Marie d'Aubray fut mère de Nicolas des Acres, Baron de l'Aigle, mort au siège de la Rochelle, auquel se signala son frère, Jean des Acres, Chevalier de Malte, qui y commandait un vaisseau du Roi.
Le Baron de l'Aigle avait épousé le 12 Mai 1612 Geneviève de Vipart de Silly, dont naquit Jacques des Acres, Baron puis Marquis de l'Aigle, en faveur duquel et en considération du service de ses ancêtres la Baronnie fut érigée en Marquisat, par Lettres-Patentes du mois d'Avril 1650, enregistrées en la Chambre des Comptes de Rouen le 19 Décembre 1654.
Jacques des Acres avait épousé, le 10 Novembre 1640 Marie de Briançon, Dame de la Saludie, qui fut mère de Louis des Acres, second Marquis de L'Aigle, Baron du Lac et de la Saludie, Lieutenant de Roi en la Province de Normandie.
Louis, décédé le 21 Mars 1717, avait épousé le 7 Avril 1769 Marie Charlotte de Lancy de Rarai, morte le 27 Août 1724 : leur fils Jacques-Louis, troisième Marquis de l'Aigle, Lieutenant de Roi en la Province de Normandie, Brigadier des Armées du Roi du 26 Octobre 1704, épousa 1° en 1698 Marie Chopin, décédée en 1723 ; 2° en 1732 Gabrielle-Françoise de Château-Thierry, veuve du Baron de Ray, père de la Dame Dupleix de Bacquencourt.
Les enfants du premier lit sont :
1. Louis Gabriel des Acres, dit le Comte de l'Aigle, quatrième Marquis de ce nom, Lieutenant de Roi en la Province de Normandie, Lieutenant-Général des Armées du Roi du 10 Mai 1748, marié 1. en 1735 à Anne Petit de Villeneuve, morte sans postérité la même année ; 2. en 1740 à Marie Locques de Grandville, décédée le 6 Septembre 1750, et son fils au mois d'Avril 1751.
2. Marie de l'Aigle, mariée le 11 Mai 1724 avec Parfait de Prunelé
3. Marie Charlotte de l'Aigle mariée avec N... du Bosc de Marchinville
4. Angélique-Charlotte de l'Aigle, décédée en février 1740, mariée en Avril 1736, à Louis de Karuel-Mercy.
Du second lit :
N. des Acres de l'Aigle, Chevalier de Malte, Officier dans le Régiment des Gardes-Françoises.

La ville de l'Aigle fut prise de force en 1563 par le Vicomte de Dreux, l'un des chefs des Prétendus-Réformés.
Cette ville est située dans un pays fertile, sur la rivière de Rille, à 2 lieues un quart S.O. de Rugles, 8 un tiers S.O. d'Evreux, 3 & demie O. de Verneuil, 11 & demie N.E. d'Alençon, & 15 .S.S.O. de Rouen. Long. 18.19.5 ; lat. 48.45.25.
[(1) Aquila = aigle. Castrum Aquilense = la forteresse de l'aigle
(2) Baronie: orthographe du texte
(3) Ces quatre foires avaient lieu à la Translation de St-Benoît (11 juillet), à la Ste-Madeleine (22 juillet), le 1er vendredi de septembre et à la St-Martin d'hiver (le 11 novembre)
(4) Prieuré de Saint-Sulpice: sur la commune de Saint-Sulpice sur Risle.
(5) Contrebis ou Conturbie: petite paroisse (une forge et quelques maisons) réunie à Randonnai.
(6) Monastère de la Chaise-Dieu: Commune de Chaise-Dieu du Theil. Notes M.L.]

L'Aigle entre les deux guerres
par René VIVIEN, conseiller général (1923-1940) et maire de L'Aigle (1923-1942)

"L'étranger qui arrive à Laigle pendant le jour a l'impression d'entrer dans une grande ville. Ce chef-lieu de canton ne compte cependant que 5727 habitants. Mais l'activité de sa population, la prospérité de son commerce et de ses industries, la circulation intense qu'on y remarque en font une cité essentiellement vivante et animée.
Placée sur la ligne de chemin de fer et sur la route nationale qui relient Paris à Granville, les voyageurs s'y arrêtent volontiers, sûrs d'y trouver des hôtels confortables, des magasins bien approvisionnés et toutes les commodités d'une ville moderne.
Elle est bâtie sur la Rille, dont la riante vallée offre aux touristes venant de Paris, les prémices des verts et reposants paysages de la Normandie. Ses origines n'ont pu être nettement déterminées. Selon Ordéric Vital, un seigneur du nom de Fulbert aurait bâti, au commencement du XIème siècle, un château fort aux abords d'une bourgade qui portait le nom de Bécane. Il l'appela le château de l'Aigle, parce qu'il aurait trouvé un nid d'aigle dans un arbre sis à la place où il le construisit. En tout cas, il subsiste une rue de Bécane et le nom de Laigle a été appliqué non seulement au château, mais à l'agglomération qui existait et qui s'est étendue sous ses murs.
Le second baron de Laigle, Engenouf, successeur de Fulbert, prit une part active à la conquête de l'Angleterre par les Normands et fut tué à la bataille de Hastings. La ville eut souvent à souffrir au cours de la guerre de Cent Ans. La forteresse fut prise par les Anglais le 13 octobre 1417 et probablement démolie, car il n'en est plus question dans la suite.
Pendant les guerres de religion, le 18 mars 1563, les protestants prirent la ville de Laigle et la saccagèrent. Depuis, son histoire ne relate aucun évènement important.
Le château actuel a été bâti sur les dessins du célèbre architecte Mansard, à l'emplacement de l'ancienne forteresse. Commencé vers l'année 1650, ce château ne fut terminé que vers 1730. Il a été acheté par la ville il y a quelques années dans le but d'y transférer l'Hôtel de Ville. La grille d'entrée, à l'extrémité de la place Saint-Martin, et les tilleuls centenaires et gigantesques qui l'ombragent ne manquent pas d'un certain caractère de grandeur. A l'intérieur de l'édifice, l'escalier d'honneur, auquel on accède du côté de l'est, mérite l'attention des touristes qui visitent Laigle.
Sur la même place, dominant la route nationale de Paris à Granville de sa masse imposante, s'élève l'église Saint-Martin, classée comme monument historique. La partie qui supporte le petit clocher et l'abside remontent au XIIème siècle. Elles sont en pierre de grison. La nef septentrionale et la tour ont été commencées en 1494 et terminées cinq ans plus tard. La grosse cloche, la Portienne, qui existe toujours, fut fondue en 1498. L'aile méridionale présente tous les caractères de la Renaissance. On a commencé à la construire en 1545.
La tour de St-Matin est remarquable par sa disposition et son ornementation. Les fenêtre de l'église sont garnies de belles verrières des XV et XVIème siècles.
L'Aigle est un centre à la fois industriel et agricole. Ses fabriques d'épingles et d'aiguilles sont connues dans le monde entier. Ses tréfileries de fer et de laiton, ses fabriques de pointes, ses ateliers de constructions mécaniques, ses scieries, ses chantiers de construction, ses usines de toiles métalliques, ses fabriques de corsets et de chaussons occupent un nombre considérable d'ouvriers et d'ouvrières. Aussi la ville manque de logements et la municipalité a dû envisager son extension. Beaucoup de maisons sont actuellement en construction.
Entourée d'herbages et de plaines fertiles, elle est abondamment approvisionnée de produits agricoles. Ses foires sont très suivies, et son marché, qui a lieu le mardi, est un des plus importants de la Normandie.
Il s'y fait un prodigieux mouvement d'affaires. On y trouve, commodément et confortablement installés, tous les organismes nécessaires au commerce. C'est le siège d'un tribunal de commerce. De nombreuses banques y ont un bureau. La Banque de France vient d'y construire un immeuble superbe. L'Hôtel des Postes, également de construction récente, bien situé et aménagé d'une façon très moderne, forme un pendant heureux à la Caisse d'Epargne. De grands magasins et de coquettes boutiques, fort bien achalandées, achèvent de lui donner son caractère de ville active, accueillante et prospère.
Laigle se trouve sur l'itinéraire le plus suivi par les touristes et les parisiens qui viennent chercher en Normandie le calme et le repos. Ils passent par cette ville pour aller visiter le Mont-St-Michel, pour se rendre à Granville, à Bagnoles-de-l'Orne, au Haras du Pin, pour gagner la Suisse normande ou les Alpes mancelles. Certains s'y arrêtent et y séjournent, attirés et retenus par les vertes forêts des environs (forêts de Laigle, de la Trappe, du Perche, de Moulins, de Bonmoulins, de Saint-Evroult) sous les frais ombrages desquelles ils peuvent respirer un air pur, tout en goûtant la douceur d'une parfaite tranquillité." René VIVIEN, Conseiller général, Maire de Laigle.


Saisie : Jean Pierre HEDERER

Dernière modification : 18 Octobre 2017

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